Quand, Comment et Pourquoi fertiliser les Arbres et Arbustes de nos aménagements
Avec le débourrement des feuilles et la fièvre jardinière qui nous envahit, le printemps est un bon moment pour faire une évaluation rapide de l’état de nos arbres et pour planifier nos plantations futures. Vos arbres ont-ils l’air en santé? Devrions-nous les fertiliser? Comment fertiliser pour que mon nouvel arbre s’implante bien? Ce sont là quelques questions auxquelles nous tenterons de répondre.La fertilisation n’est pas la solution à tous les problèmes. Si un arbre a été planté dans un mauvais site, en-dehors sa zone de rusticité, ou qu’il a été planté sans soins adéquats, la fertilisation ne le sauvera pas.
En revanche, la fertilisation peut contribuer à la croissance et à la vigueur d’un arbre mature ou améliorer l’enracinement d’un arbre nouvellement planté dans les règles de l'art.
Quel engrais choisir pour les arbres et les arbustes?
Si vous visitez la section des engrais d'une jardinerie vous serez probablement sous le choc de constater l'éventail des produits disponibles. Voyons ici quelques concepts théoriques pour guider votre choix.
Les éléments nutritifs essentiels
Les engrais vendus sur le marché, peu importe le format, ont une série de 3 nombres sur leur étiquette. Par exemple : 15-30-15.
Ces nombres représentent le pourcentage que le produit contient en chacun des éléments essentiels aux plantes soient l’azote (N), le phosphore (P) et le potassium (K). Communément, on parle de l’analyse N-P-K. Chaque élément a un rôle sur le développement de la plante :
Azote (N) :
L’azote est primordial pour les arbres, car il stimule leur croissance. C’est l’élément principal qui constitue la chlorophylle et les protéines. Une plante qui est bien pourvue en azote présente un feuillage vert foncé et des tiges saines.
Phosphore (P):
Le phosphore contribue au développement des racines, à une bonne mise à fleurs et au développement des fruits chez les arbres fruitiers.
Potassium (K):
Le potassium aide à régulariser les fonctions vitales de la plante comme la résistance aux maladies, la résistance au froid et à la sécheresse, et la transpiration. Sous nos latitudes, c’est entre autres grâce au potassium que les végétaux rustiques se préparent mieux pour résister aux hivers rigoureux.
Pour les arbres et les arbustes, la croissance est plus souvent limitée par un manque d’azote. Ainsi, les engrais d’entretien suggérés présentent un ratio 2-1-1 ou 3-1-1. C’est-à-dire qu’ils contiennent 2 fois à 3 fois plus d’azote que de phosphore ou de potassium. Par exemple l’engrais 30-10-10 pour les haies de cèdres, ou un engrais 15-9-12 pour les arbres et arbustes.
Engrais biologiques ou chimiques?
Les engrais biologiques et chimiques ont des caractéristiques très différentes. Les engrais biologiques proviennent de sources naturelles comme de la roche broyée, des composts, des fumiers. Ces engrais ne sont pas assimilables directement et rapidement par la plante, car ils doivent d’abord être décomposés par les microorganismes qui sont présents dans le sol. En ce sens, on peut voir ces engrais comme nourrissant les organismes du sol, qui par leurs activités nourrissent à leur tour les plantes.
Les engrais chimiques, eux, sont disponibles directement à la plante, sans intermédiaire. Ces engrais sont généralement formulés pour divers usages et leur analyse N-P-K est plus élevée.
On les trouve facilement sous forme granulaire à appliquer au sol. Ils peuvent être vendus également sous forme de poudre soluble qu’on doit dissoudre dans l’eau d’arrosage.
Les éléments solubilisés sont rapidement disponibles pour les racines. En contrepartie, ils sont facilement lessivés et ils se retrouvent dans l’environnement. À moins de vouloir traiter une carence dans les plus brefs délais, l’engrais granulaire est conseillé pour sa facilité d’utilisation.
Les engrais à dissolution contrôlée
Les engrais à dissolution contrôlée sont des engrais granulaires recouverts d’un polymère ou de résine qui limite les contacts avec l’humidité. Ceci permet la dissolution graduelle de l’engrais, au fur et à mesure de la croissance des végétaux.
La température ambiante et l’épaisseur du polymère contrôlent le taux de libération de l’engrais. Plus la température est élevée, plus l’engrais se libère. La libération s’étale sur une centaine de jours.
Alors, une seule application au printemps est suffisante pour toute la saison de croissance. Un grand avantage de ce type d’engrais est leur facilité d’utilisation et la diminution des pertes dans l’environnement.
Faut-il toujours fertiliser les arbres et les arbustes?
Non. Cela dépend des situations, de l’état de l’arbre, et de la richesse du sol.
D’abord, le sol pourrait se comparer à un garde-manger dans lequel vous entreposez vos ingrédients. Le garde-manger peut être plein, mais parfois les aliments doivent être cuisinés avant d’être consommés!
De la même façon, le sol contient des réserves d’éléments nutritifs. Mais ce n’est pas parce que les éléments sont présents qu’ils sont disponibles immédiatement pour les plantes. Cela dépend de l’activité biologique et du pH du sol, entre autres.
Quant à l’engrais que nous ajoutons, il est un peu comme un prêt-à-manger. C’est une réserve disponible à plus court terme pour les végétaux. Ceux-ci peuvent alors combler plus rapidement leurs besoins.
Comment savoir quels éléments nous devrions ajouter au sol?
L’idéal est de faire une analyse de sol, si c’est possible. Ainsi, on peut connaître ce qu’il y a dans la réserve du sol et savoir si elle comble adéquatement les besoins des arbres.
Sinon, il y a des moments de la vie d’une plante où on sait d’avance que les besoins nutritifs seront généralement plus grands et qu’il est utile d’ajouter de l’engrais.
Fertiliser au stade de l’implantation
La plantation est une étape stressante pour n’importe quel arbre ou arbuste. Il lui importe de développer le plus rapidement son système racinaire, car c’est grâce à lui qu’il pourra s’hydrater et prélever les éléments nutritifs du sol.
Il faut s’assurer que l’engrais qu’on utilise n’est pas trop riche en azote, sans quoi la plante développerait ses branches et ses feuilles au détriment des racines. C’est pourquoi, dans un premier temps, l’ajout de champignons mycorhiziens dans le trou de plantation est recommandé. Ceux-ci sont bénéfiques pour le système racinaire et le rendront plus performant.
N’oubliez pas d’arroser régulièrement votre arbre nouvellement planté. Un jeune arbre ne doit pas manquer d’eau.
Par la suite, on peut commencer une fertilisation plus traditionnelle.
Fertiliser les Jeunes Arbres en croissance
Au cours de ses premières années de vie, l’arbre est plus vulnérable aux intempéries, aux carences, aux maladies et aux attaques de ravageurs.
Pour qu’il puisse croître de façon optimale et maintenir une bonne vigueur, une fertilisation annuelle avec un engrais riche en azote stimulera adéquatement votre arbre. Il est alors important de bien suivre les recommandations sur les étiquettes des produits afin de respecter les doses et de choisir un produit adapté pour le type d’arbre. On ne fertilise pas un feuillu comme un conifère par exemple.
Fertiliser les Arbres et Arbustes matures établis
Un arbre mature en santé et vigoureux a un système racinaire développé, capable d’aller chercher en profondeur les éléments du sol. Il n’a probablement pas besoin d’être fertilisé tous les ans, en particulier sur les terrains où les feuilles sont déchiquetées sur place à l’automne. Dans la majeure partie des cas, fertiliser tous les deux ou trois ans est suffisant.
Une exception à la règle : si votre arbre a été endommagé ou blessé par un animal, une maladie ou le gel. Dans ce cas, il sera important de le fertiliser pour lui permettre de bien récupérer.
Si le dommage a eu lieu en hiver, alors il est suggéré d’appliquer un engrais plus riche en azote au printemps, juste avant le débourrement. Le débourrage indique la fin de l'hiver chez les végétaux et est marqué, entre autre, par l'ouverture des bourgeons végétatifs.
Si le dégât a lieu en cours de saison, alors il est possible de fertiliser l’arbre avec un engrais plus riche en potassium, à l’automne quand les feuilles changent de couleur. Cela aidera l’arbre affaibli à mieux résister aux conditions hivernales à venir.
Quand fertiliser les arbres et les arbustes?
De façon générale, il y a deux périodes de fertilisation possibles : l’automne et le printemps.
L’automne, après le premier gel, mais avant décembre, le sol est encore suffisamment chaud pour que les racines des arbres prélèvent les nutriments dans le sol et les mettent en réserves pour le printemps suivant.
Sinon, il est possible d’attendre au printemps et de fertiliser quand le sol est dégelé, vers la fin-avril par exemple dans le sud du Québec. Un indice : les bourgeons des arbres sont gonflés ou commencent à débourrer.
Il est important d’arrêter la fertilisation vers la fin-juillet pour les feuillus ou vers la fin-juin pour les conifères. On cherche ainsi à éviter la stimulation de nouvelles pousses alors que l’arbre doit plutôt concentrer son énergie à se préparer pour l’hiver qui s’en vient.
À noter également qu’on doit éviter toute fertilisation sur des végétaux déshydratés, comme en période de sécheresse. Il vaut alors mieux alors se concentrer sur l’arrosage adéquat de ses arbres et arbustes.
Comment appliquer l’engrais?
L’engrais granulaire à libération contrôlée ou non est un choix très populaire pour l’entretien général des arbres et des arbustes. Voici comment procéder pour l’appliquer :
Ce dont vous aurez besoin :
- Engrais
- Étiquette du produit avec la dose recommandée
- Gants
- Truelle (ou une petite pelle)
Méthode d’application
Rappelons qu’il est important que le sol ait eu le temps de se réchauffer avant de fertiliser. Appliquer de l’engrais sur un sol gelé revient au même que de le jeter dans les égouts ou dans les fossés.
Étape 1 : Le calcul de la quantité d’engrais
Suivre les recommandations du fabricant concernant les quantités à appliquer. L’information est inscrite sur l’étiquette du produit. Il faut souvent estimer la surface d’application.
Une méthode simple est de tracer un carré ou un cercle sous l’arbre, qui couvre l’espace sous les branches. Cette surface équivaut à la surface occupée par les racines de l’arbre. Par exemple, un arbre dont les branches se déploient de 3 mètres, a une surface racinaire d’environ 9 mètres carrés. Il faudra donc compter la dose d’engrais nécessaire en fonction de cette surface.
Étape 2 : L’application
Pour les arbustes, l’engrais est appliqué au sol, à leur base. S’il y a du paillis, il vaut mieux le tasser avant de mettre l’engrais, puis le replacer.
Dans le cas des arbres, le mieux est de creuser des petits trous, avec une pelle et d’y insérer une petite portion de la quantité calculée à l’étape 1.
Le plus possible, faites les trous dans les sections sous l’extrémité des branches. C’est là que les racines absorbantes se trouvent en grand nombre. Plus on s’approche du tronc, plus les racines sont vieilles et moins il y a d’absorption d’engrais.
Répéter s’il y a lieu, dans 4 à 6 semaines, ou selon les recommandations du fabricant. Si vous utilisez un engrais à libération contrôlée, une seule application printanière est suffisante.
Peut-on trop fertiliser les arbres?
Malheureusement oui, que ce soit volontaire ou non, la fertilisation excessive des arbres peut avoir des effets néfastes :
- Les excès d’engrais produisent des tiges longues et tendres qui deviennent plus attirantes pour plusieurs insectes ravageurs
- De trop fortes doses d’engrais peuvent occasionner des brûlures aux racines.
- L’utilisation excessive d’engrais contribue à la pollution des eaux souterraines et de surface.
Pour prévenir ces problèmes, l’utilisation d’engrais granulaire à libération lente (biologiques ou chimiques) est recommandée.
Nous pouvons donc contribuer à la préservation des cours d’eau par un usage raisonné des fertilisants.