Sapin ou épinette : quelles sont leurs différences?

Êtes-vous de ceux qui se promènent en forêt, qui voient un beau conifère et se posent la question à savoir si c’est un sapin ou une épinette? Ou encore êtes-vous de ceux qui magasinent leur arbre de Noël et se demandent si on leur vend une épinette plutôt qu’un sapin? Quoi qu'il en soit, sachez qu’il est plus facile que l’on croit de distinguer ces arbres majestueux, rois des forêts mixtes et boréales du Québec.

Le sapin (Abies sp.) et l’épinette (Picea sp.) sont deux arbres de la famille des Pinacées. C’est vrai qu’ils présentent plusieurs similitudes. Ce sont tous deux des conifères, leurs aiguilles sont persistantes et leur port est pyramidal. En plus, ils sont indigènes dans notre hémisphère et on les retrouve tous les deux dans les climats froids. Alors pas étonnant qu’on s’y méprenne!

Heureusement, il existe plusieurs façons de distinguer le sapin de l’épinette : par les cônes, par l’écorce, par les aiguilles et par les branches entre autres.

Cônes par en haut ou par en bas ?

Observer les cônes (ou cocottes) des sapins ou des épinettes est une des façons les plus rapides et fiables de les différencier. Si vous avez du mal à trouver des cônes sur l’arbre, regardez près de la cime : c’est là qu’ils sont en plus grand nombre. Sinon, regardez ceux tombés au sol. 

Cônes par en haut? Sapin

Les sapins produisent des cônes dressés qui restent attachés à l'arbre, même après maturation, et leurs graines se dispersent au vent. Les cônes, souvent gros et robustes, se désintègrent sur l'arbre. Ainsi, on n’en retrouve pas, ou peu, au sol.

Cônes par en bas? Épicea

Les épinettes, quant à elles, portent des cônes qui pointent vers le bas et qui tombent entiers après maturation. Les cônes de l'épinette sont généralement plus petits, plus rigides, et peuvent souvent être trouvés nombreux au sol, sous l'arbre.

Des écorces bien distinctes

Semblables quand les arbres sont jeunes, les troncs ont des écorces qui deviennent plus distinctes avec l’âge.

L'écorce du sapin est généralement lisse et grise dans la jeunesse, devenant plus fissurée et écailleuse avec l'âge. De plus, sa résine (gomme de sapin), coule du tronc et le rend gommant.

L'écorce de l'épinette est typiquement plus rugueuse, écailleuse et peut se détacher en plaques. Avec l'âge, elle devient profondément fissurée et a une texture plus robuste et marquée.

Un petit truc mnémotechnique pour se le rappeler? Si l’écorce a des écailles qui se détachent: c’est l’épinette.

Des aiguilles qui roulent…ou pas?

Peut-être connaissez-vous le vieux truc qui consiste à faire rouler une aiguille entre vos doigts? Sachez que ce n’est pas infaillible, mais vous pouvez toujours essayer. Comme les aiguilles du sapin sont aplaties, normalement, elles ne roulent pas si on les presse entre les doigts.  À l’inverse, les aiguilles d’épinette possèdent généralement 4 côtés. Alors, elles devraient rouler entre les doigts.

On peut aussi observer la disposition des aiguilles sur les rameaux. Celles des sapins se disposent majoritairement en rangs ordonnés, donnant souvent aux rameaux une allure aplatie. Les aiguilles d’épinettes sont quant à elles disposées tout autour des rameaux. Normalement, cela devrait vous donner un indice additionnel. Mais, c’est parfois difficile à évaluer, en particulier chez les espèces cultivées.

Alors, sachant que le bout des aiguilles de sapin est rond et que celui des épinettes est pointu, le meilleur truc d’identification est de passer sa main sur la branche, à rebrousse-poil.  Les aiguilles pointues des épinettes sont piquantes (comme des épines), alors que les aiguilles de sapin sont toujours douces.

Peut-on trouver sapins et épinettes dans le même habitat?

Oui, les deux peuvent se côtoyer, mais cela dépend beaucoup du climat. Ainsi, on peut trouver à la fois des sapins et des épinettes, à l’état naturel, jusqu’en zone 3. Plus au nord, on trouvera uniquement des épinettes.

• Les sapins préfèrent les sols humides, fertiles et les climats tempérés (zone 3 pour le sapin baumier), se trouvant souvent dans les forêts mixtes ou les pentes montagneuses abritées.
• Les épinettes sont plus tolérantes aux conditions difficiles, comme les sols pauvres, les climats plus froids et les zones plus exposées. Elles sont typiques des forêts boréales et des régions montagneuses. On trouve certaines espèces d’épinettes jusqu’en zone de rusticité 1!

Et les pins et les mélèzes ?

Les pins et les mélèzes présentent tous les deux de fines aiguilles regroupées en paquets qu’on appelle faisceaux. Par quelques observations sur leurs aiguilles, on les distingue facilement. 

On reconnaît le pin à ses longues et fines aiguilles. Ses faisceaux regroupent 2,3 ou 5 aiguilles, selon l’espèce. Comme exemple, chez le pin rouge (Pinus resinosa), les aiguilles sont groupées par 2, tandis qu’elles sont au nombre de 5 chez le pin blanc (Pinus strobus).

Quant au mélèze, ses aiguilles sont très courtes et douces. On peut en trouver jusqu’à 10 ou 20 par faisceau chez le mélèze laricin (Larix laricina). Aussi, en hiver, il est impossible de se tromper : le mélèze n’a plus d’aiguilles! En effet, à la manière d’un arbre feuillu, il perd ses aiguilles en automne. Seuls ses petits cônes ouverts comme des petits roses restent accrochés aux rameaux.

Aiguilles courtes en faisceaux du mélèze

Un outil pour vous aider à faire l’identification des conifères du Québec

Si vous désirez aller plus loin, Flora Québec offre une clé d’identification des conifères simple d’utilisation.

https://www.floraquebeca.qc.ca/flore/cle_coniferes2012.pdf

Caractéristiques de quelques conifères indigènes au Québec, fréquemment rencontrés dans les jardins et lieux publics

Une bonne connaissance des conifères peut contribuer à une gestion efficace des ressources naturelles, au maintien de la biodiversité, et à la réussite des activités d'horticulture et de foresterie. Sauriez-vous maintenant reconnaître les arbres suivants près de chez vous? Ils sont tous indigènes au Québec.

Sapin baumier (Abies balsamea)

Le sapin baumier (Abies balsamea) est caractérisé par une forme conique et une cime pointue. Il peut atteindre habituellement 14 à 20 mètres de hauteur. Ses aiguilles sont aplaties et aromatiques. En été, elles sont de couleur vert foncé avec deux bandes blanches en-dessous. Les cônes dressés, apparaissent au sommet de l'arbre. Le sapin baumier est célèbre pour son parfum résineux distinct et sa sève, utilisée en médecine traditionnelle. Il préfère les sols humides et acides et il sert souvent d'arbre de Noël en raison de sa forme régulière, de son feuillage dense et de son odeur agréable.

Épinette blanche (Picea glauca)

L'épinette blanche (Picea glauca) est un arbre qui peut atteindre 30 mètres de hauteur. Elle présente un tronc droit avec une écorce écailleuse gris-brun. Ses aiguilles sont fines, pointues, de couleur vert clair à bleuâtre, et mesurent jusqu'à 2 cm de long. Elles sont disposées en spirale autour des rameaux, créant un effet fourni. Les cônes, pendulaires et cylindriques varient du brun au violet. Adaptée aux climats froids, l'épinette blanche pousse bien dans les sols drainés. Elle est utilisée pour le bois d'œuvre, la pâte à papier et comme arbre de Noël.

Épinette rouge (Picea rubens)

L'épinette rouge (Picea rubens) peut elle aussi atteindre une hauteur jusqu'à 30 mètres. Son écorce rougeâtre est écailleuse. Ses aiguilles sont courtes, fines, et pointues. Leur couleur est vert foncé et elles mesurent environ 1,5 cm de long. Elles sont disposées en spirale sur les branches, donnant un aspect dense et rugueux au toucher. Les cônes, de petite taille et de couleur brun rougeâtre, pendent des branches supérieures. L'épinette rouge préfère les sols acides et humides. Elle est souvent utilisée en bois d'œuvre et pour la reforestation.

Pin blanc (Pinus strobus)

Le pin blanc (Pinus strobus) est un grand conifère de 20 mètres de hauteur. Il se distingue par son tronc droit et son écorce grisâtre qui devient écailleuse avec l’âge. Ses aiguilles sont fines et souples, longues de 8 à 12 cm et groupées en faisceaux de cinq. Le pin blanc produit de longs cônes pendants et effilés, mesurant de 10 à 20 cm. Apprécié pour sa croissance rapide et son bois de qualité, il est utilisé en menuiserie, en construction et en reboisement. Il préfère les sols bien drainés et les sites ensoleillés.

Mélèze laricin (Larix laricina)

Le mélèze laricin (Larix laricina), aussi appelé mélèze d'Amérique, est un conifère caduc. Il atteint habituellement 10 à 20 mètres de hauteur. Ses branches basales sont horizontales. Dans la partie supérieure de l’arbre, les branches sont redressées. Ses aiguilles, fines et souples, mesurent de 2 à 3 cm. Elles sont groupées en faisceaux de 10 à 20 aiguilles et elles virent au jaune doré avant de tomber à l'automne. Les cônes, petits et arrondis, sont brun-rougeâtre. Le mélèze laricin est remarquable pour sa capacité à pousser dans les zones humides et tourbeuses. Toutefois, il supporte mal la pollution urbaine. Il est utilisé en menuiserie, en papeterie et pour la restauration des sites dégradés.

Ramener de la biodiversité avec les conifères

Les conifères indigènes du Québec sont majestueux et distincts, bien que présentant des similitudes propres à leur famille commune. Intégrer ces arbres dans son environnement contribue à ajouter une touche de vert persistant dans le paysage, à restaurer des habitats, et à augmenter la biodiversité des lieux en ramenant la faune dans l’écosystème.