Depuis 2015, l’ONU a adopté un programme de développement durable qui reflète la prise de conscience de ses États membres pour réduire la pauvreté et améliorer la vie des populations sur la terre. Ce programme a été élaboré en intégrant des solutions qui ont pour impact de réduire les émissions des gaz à effet de serre à l’origine des changements climatiques. Au cœur du développement durable, la préservation de la biodiversité s’est imposée comme priorité, car elle est indispensable à l’équilibre de la planète.
Nous voulons ici souligner l’importance des plantes indigènes en regard à cet objectif de préservation de la biodiversité. Nous allons en clarifier les distinctions à faire avec les espèces naturalisées et hybrides ainsi qu’avec les espèces envahissantes.
Pourquoi la biodiversité forestière et les plantes indigènes sont-elles si essentielles pour les écosystèmes?
C’est grâce à la biodiversité forestière et aux espèces indigènes que la résilience des écosystèmes face aux perturbations est renforcée. Plus un écosystème est doté d’une grande variété d’espèces indigènes, mieux il est préparé pour résister aux invasions d’espèces exotiques, aux maladies, aux épidémies et aux événements climatiques extrêmes.
Les espèces indigènes qui composent nos écosystèmes du Québec ont évolué ensemble au fil du temps et elles ont développé une interdépendance qui aide à maintenir l’équilibre naturel des écosystèmes. En ce sens, la disparition de certaines espèces de plantes indigènes peut rompre une chaîne alimentaire, affectant de nombreuses autres espèces au sein d’un écosystème.
Les forêts naturelles peuvent aussi soutenir la santé des écosystèmes voisins, tels que les zones humides et les cours d'eau, en influençant les régimes hydrologiques et en fournissant des corridors de migration pour la faune, par exemple.
En somme, la biodiversité forestière et les espèces indigènes jouent un rôle fondamental dans le maintien de la santé, de la diversité, et de la résilience des écosystèmes. Leur protection est essentielle non seulement pour l'équilibre naturel de la planète, mais aussi pour les services qu'ils fournissent aux êtres humains.
Distinction entre Plantes Indigènes, Introduites, Naturalisées, Envahissantes et Hybrides
Il est possible de trouver de nombreuses espèces indigènes dans les pépinières et les jardineries du Québec. Mais l’on retrouve aussi sur le marché des espèces introduites et des espèces hybrides. Voyons-en ici les distinctions :
Les plantes indigènes :
Les espèces indigènes sont celles qui sont naturellement présentes dans une région ou un écosystème spécifique sans intervention humaine. Notre flore québécoise se compose de plusieurs centaines d’espèces indigènes. Soulignons les suivantes, pour en nommer quelques-unes aux fins de l’exercice : Acer saccharum (érable à sucre), Thuja occidentalis (cèdre blanc), Betula papyrifera (bouleau à papier).Rappelons-nous que les plantes indigènes sont parfaitement adaptées aux conditions locales. Elles ont développé des relations symbiotiques avec d'autres espèces de l'écosystème, telles que les pollinisateurs, les animaux, et les micro-organismes du sol.Les plantes introduites (ou exotiques):
Les espèces introduites qu’on nomme aussi exotiques sont des plantes qui ont été déplacées (importées) de leur région d’origine, souvent par l'activité humaine. On dit de celles qui ont réussi à s’adapter aux conditions de leur nouvelle région et à se reproduire sans intervention qu’elles sont « naturalisées ».
Les espèces introduites sont un élément complexe des écosystèmes. Bien qu'elles puissent parfois contribuer positivement à la santé des écosystèmes, par exemple en offrant de nouvelles ressources ou en augmentant la biodiversité, elles peuvent poser également des risques pour les espèces indigènes et l'équilibre écologique. Il est essentiel de surveiller leur impact pour éviter des perturbations écologiques importantes.
- Exemple de plante naturalisée au Québec: Rosa rugosa (rosier rugueux).
On compte à ce jour au Québec 18 espèces floristiques exotiques envahissantes à surveiller.
Les plantes hybrides
Une plante hybride est le résultat du croisement entre deux plantes génétiquement différentes, qui peuvent appartenir à la même espèce (hybride intraspécifique) ou à deux espèces différentes (hybride interspécifique).
Les hybrides sont souvent créés intentionnellement par l’homme pour combiner des traits désirables de deux plantes différentes. Tantôt, ils auront un trait morphologique remarquable : des fleurs doubles qui en mettent plein la vue, une floraison plus abondante spectaculaire, une teinte inhabituelle ou encore un port différent. Tantôt, ils auront été développés pour résister à une maladie spécifique ou à des facteurs environnementaux difficiles. La plupart du temps, ils sont destinés à l’agriculture ou au marché horticole ornemental.
Mais il existe aussi le phénomène de l’hybridation naturelle. Par exemple, les saules s’hybrident fréquemment en nature de façon aléatoire. C’est là que Mère Nature donne du fil à retordre même aux botanistes les plus chevronnés!
L’Érable de Freeman (Acer x Freemanii), est un érable hybride d’origine naturelle issu du croisement de l’érable rouge et de l’érable argenté. On le retrouve dans l’est de l’Amérique du Nord là où les aires de répartition des espèces parentales se chevauchent.Bien qu’ils puissent offrir des avantages en termes de résilience et de restauration écologique, les hybrides (surtout ceux créés par l’homme) présentent des risques, notamment au niveau de la réduction de la biodiversité, de la perturbation des relations écologiques, et de la compétition avec les espèces indigènes. L'impact des espèces d'arbres hybridés sur les écosystèmes locaux dépend du contexte spécifique de chaque cas. Il est donc important d'évaluer soigneusement ces impacts avant d'introduire des hybrides d’origine anthropique dans un écosystème.
Est-ce une bonne idée d’intégrer des plantes indigènes dans nos aménagements paysagers?
Ce n’est pas qu’une bonne idée, c'est une excellente idée d’intégrer les plantes indigènes dans les projets paysagers locaux. Même hors d’une forêt, ces espèces apportent de nombreux avantages. En voici quelques-uns.
1. Soutien à la biodiversité locale et interconnectivité des zones naturelles
Les plantes indigènes contribuent à maintenir la présence de la faune locale (oiseaux, insectes, mammifères et autres organismes) dans l’environnement, en leur offrant nourriture et habitat. Ce faisant, en les intégrant dans nos paysages, nous aidons à protéger les écosystèmes naturels en les connectant avec les zones naturelles avoisinantes. En d’autres mots, votre aménagement peut devenir une passerelle pour le déplacement de la faune entre deux zones naturelles séparées par la présence humaine.
2. Résilience aux conditions climatiques
Les plantes indigènes sont adaptées aux conditions climatiques locales et donc plus résistantes aux variations saisonnières d’une région donnée comme les périodes de sécheresse ou de froid intense.
3. Faible entretien: moins de fertilisants et de pesticides
Comme elles sont naturellement adaptées aux types de sols et à leur environnement d’origine, leurs besoins en eau et en fertilisants peuvent être réduits. Aussi, leur résistance naturelle globale aux maladies et aux ravageurs indigènes de leur région peut diminuer l’utilisation des pesticides, des produits chimiques qui sont en fait des contaminants pour l’environnement et qui présentent des risques pour la santé humaine.
Références et ressources supplémentaires
Pour vous aider à savoir si une plante est indigène du Québec :
- Liste des arbres indigènes et introduits au Québec
- Base de données botanique du Centre sur la biodiversité de l’Université de Montréal
Pour ceux qui désirent en connaître davantage sur la protection des écosystèmes forestiers au Québec :
- La carte interactive des aires protégées officielles
- Les écosystèmes forestiers exceptionnels du Québec
Article co-écrit par Audrey Rondeau, Biol., M. Env. et Directrice production et développement, Pépinière Vert Forêt et Suzanne Simard rédactrice spécialisée en horticulture et diplômée comme technologue en horticulture