Récemment, nous avons discuté des espèces indigènes comme étant la pierre angulaire de la biodiversité de nos écosystèmes du Québec.
La perte de biodiversité au Québec demeure un enjeu important, comme partout ailleurs, notamment en raison de l'urbanisation et de l'agriculture intensive qui détruisent et fragmentent les habitats naturels, y compris les milieux humides. À cela s'ajoutent la prolifération des espèces envahissantes et les impacts des changements climatiques, entre autres facteurs aggravants.
Dans son rapport de 2016, le Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec notait la précarité de certaines espèces d’arbres indigènes sur le territoire du Québec. La rareté de ces essences a invariablement un impact négatif sur la faune qu’elles nourrissent et leurs plantes compagnes. Notons :
- L’Aubépine Ergot-de-Coq
- Le Caryer ovale
- Le Chêne bicolor
- Le Chêne blanc
- L’Érable noir
- Le Genévrier de Virginie
- Le Micocoulier occidental
- L’Orme de Thomas
- Le Pin rigide
Les espèces rares à privilégier au Québec
Des initiatives citoyennes inspirantes pour préserver la biodiversité forestière
Heureusement, des initiatives inspirantes ont cours sur les terres privées du Québec. En juillet dernier, La Presse nous présentait « L’homme qui plante des arbres rares ». Cet homme, M. Charles Lussier, est un consultant en agroforesterie qui se consacre à préserver la biodiversité forestière depuis 20 ans en réintroduisant des arbres rares ou vulnérables dans les milieux agricoles, en Montérégie et au Centre-du-Québec.
De façon individuelle, il est possible pour tous les citoyens et les citoyennes de contribuer à la préservation des arbres indigènes rares et à l’augmentation de la biodiversité en les plantant dans leur région d’origine, là où l’espace et le sol leur conviennent.
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Arbres indigènes rares pour les zones urbaines au Québec :
Le Chêne bicolore convient aux sols humides et profonds dont le pH est acide. C’est un grand arbre de très bonne longévité approprié pour les grands espaces urbains.
Le Micocoulier occidental possède une grande capacité d’adaptation, ce qui en fait une espèce adéquate pour les endroits défavorables, au soleil ou à la mi-ombre.
L’Aubépine Ergot-de-Coq convient à plusieurs types de sols, pourvu qu’ils soient humides. Elle supporte la pollution urbaine, mais elle tolère mal les sels de rues. Il vaut mieux donc lui éviter les devantures de terrain.
Le Genévrier de Virginie est un conifère que l’on retrouve peu fréquemment au Québec. En milieu naturel, on le trouve principalement dans les sols sablonneux et secs, au sud de l’Outaouais. Il s’adapte à plusieurs textures de sol, même les sols pierreux.
Arbres indigènes rares adéquats en dehors des zones urbaines au Québec
L’Érable noir s’adapte à tous les sols, pourvu qu’ils soient bien drainés et profonds. Ce grand arbre préfère l’ombre. On peut confondre ses feuilles à celles de l’Érable à sucre. Toutefois, à l’automne, elles sont jaune brunâtre, alors que celles de l’Érable à sucre sont orange à rouges. De façon naturelle, on le retrouve dans la région de Montréal et en périphérie. Il supporte mal les conditions urbaines.
Le Caryer ovale est un grand arbre produisant des noix comestibles. On lui épargne les milieux urbains vu sa sensibilité à la pollution et aux sels de rue. Il est apprécié pour la couleur dorée de son feuillage à l’automne et pour son écorce décorative. Il préfère les sols riches, neutres et bien drainés, ainsi qu’une exposition à l’ombre ou à la mi-ombre. C’est une espèce qui prend du temps à s’installer. Sa croissance est lente au courant des premières années. La patience du jardinier sera de mise pour celui qui la choisit!
Le Chêne blanc préfère les sols loameux et acides, dans les endroits ensoleillés. Bien qu’il tolère les sels de rue, il est plus approprié en campagne. Il supporte moins bien la pollution.
Veuillez noter qu’à ce jour, l’Orme de Thomas et le Pin rigide ne sont pas disponibles sur le marché. Nous travaillons à localiser des plants mères dans notre région pour en offrir dans le futur!
Pour terminer, intégrer des arbres rares ou vulnérables indigènes dans nos aménagements paysagers n'est pas seulement un choix esthétique, mais aussi un acte de conservation. En choisissant de planter ces espèces, nous participons activement à leur sauvegarde et renforçons par ricochet la santé des écosystèmes. Ainsi, chaque espace vert peut devenir un refuge pour la nature, un maillon de plus dans la chaîne de la biodiversité que nous devons préserver pour les générations futures.
Article co-écrit par Audrey Rondeau, Biol., M. Env. et Directrice production et développement, Pépinière Vert Forêt et Suzanne Simard rédactrice spécialisée en horticulture et diplômée comme technologue en horticulture