Un jeune arbre feuillu que l’on plante aura besoin de taille de formation au cours de ses cinq premières années.
Cette période est cruciale et les gestes posés auront un grand impact sur la santé et la longévité des arbres plantés.
Encore faut-il savoir comment tailler les arbres feuillus au Québec.
Si la taille de formation est réalisée dans les règles de l’art (et même avec amour), une taille d’entretien minimale seulement sera nécessaire par la suite pour retirer les branches mortes, malades ou cassées.
Les arbres qui ont une structure bien équilibrée sont beaucoup plus résistants face aux agressions climatiques ou mécaniques.
C’est donc dire que de mettre du temps et de l’énergie dans la taille de formation des arbres que l’on plante est un excellent investissement de la part du jardinier, qu’il soit professionnel ou amateur, car cette technique simple est à la portée de tous.
Tailler les arbres feuillus au Québec, d’abord une question de timing !
Le début de la taille de formation d’un arbre feuillu devrait être à la deuxième année de sa plantation. Éviter de le tailler la première année lui permettra de bien installer son système racinaire et de mieux supporter le choc de transplantation s’il y a lieu.
La période propice pour tailler les arbres feuillus est définitivement de la mi-juin à la fin juillet, en effectuant la taille à cette période on permet aux arbres de bien compléter les processus de cicatrisation par suite des coupes réalisées.
Les périodes suivantes sont à proscrire :
- Le printemps (début de la période de croissance), car la sève est en circulation dans l’arbre et son écoulement, s’il est abondant, peut diminuer significativement les réserves de l’arbre et le rendre plus sujet aux maladies.
- Les canicules ou les sécheresses, car les arbres sont alors stressés et ont moins d’énergie à consacrer à la cicatrisation des blessures.
- L’automne, car à cette date l’arbre n’a plus suffisamment de temps pour compléter le processus de guérison des cicatrices.
- Les grands froids, car elle expose au gel des tissus non protégés.
La taille de formation en trois étapes
L’objectif de la taille de formation est de doter l’arbre d’une charpente solide et équilibrée. Cette structure peaufinée par le jardinier permettra à un arbre de mieux résister aux grands vents, aux épisodes de verglas, au poids de la neige lourde ou encore aux aléas des accidents mécaniques qui pourraient survenir.
La technique à appliquer est relativement simple et est à la portée des jardiniers de tous les niveaux. On la présente ici en 3 étapes.
Une bonne paire de sécateurs bien aiguisés est tout ce qu’il faut pour s’y mettre. Gardons en tête qu’au travers des trois étapes, ici présentées, il faudra retirer au maximum 20 à 30% du feuillage de l’arbre.
Première étape : Le Maintien du prolongement de l’axe central
La première chose à faire est d’identifier la flèche terminale. Il s’agit de la branche à la tête de l’arbre qui est la plus vigoureuse et la plus alignée avec le tronc de l’arbre.
En présence d’une tête en double fourche (deux flèches assez équivalentes pas tout à fait bien alignées avec le tronc) il faut conserver la branche la plus centrée, même si elle semble moins vigoureuse).
Une fois la flèche choisie, il faut éliminer en partie ou en totalité toutes les branches qui font concurrence à la flèche sur une hauteur minimale de 15 centimètres.
En présence d’une cime cassée, morte ou très endommagée par suite d’un incident majeur (broutage, bris par le verglas, gelure hivernale), tout n’est pas perdu, une opération de sauvetage est possible. Il s’agit de sélectionner une branche latérale sous la partie problématique de l’arbre et d’en faire sa nouvelle flèche terminale.
Il faudra couper la partie morte ou endommagée juste au-dessus de la branche élue. Celle-ci pourra être fixée à la verticale à l’aide d’un tuteur solidement ancré dans le sol (bambou ou métal, peu importe). Le tuteur va rediriger la croissance de la branche vers de sommet, il pourra être retiré 2 à 3 ans plus tard.
Pour les noyers et les peupliers entre autres dans des cas extrêmes alors que les arbres tendent vers une forme buissonnante, il est possible de rabattre la tige principale à quelques centimètres au-dessus du collet à l’automne ou encore tôt au printemps avant le débourrement des feuilles.
Il faut ensuite sélectionner le plus beau rejet et le tuteurer.
On repart à zéro de grandeur, mais avec tout le système racinaire en parfait état disponible en support la croissance sera appréciable. C’est d’ailleurs une technique couramment utilisée en production horticole !
Deuxième étape : Formation de la structure de l’arbre, le choix des branches charpentières
Cette étape, qui vise la sélection des branches qui vont former la structure définitive de l’arbre, peut se faire sur plusieurs années. Il s’agit de choisir des branches bien réparties sur toute la longueur du tronc et espacées d’environ 30 centimètres.
C’est cette sélection de branches qui va conférer à l’arbre une bonne solidité et un bon équilibre.
Quelques éléments de décision pour choisir les branches charpentières :
- Éliminer les branches qui forment un angle de moins de 30° avec le tronc central. (Cette règle ne s’applique pas pour les espèces de type colonnaire)
- Éliminer les branches trop imposantes, celles dont le diamètre est supérieur à la moitié de celui du tronc principal ou encore celles dont l’extrémité se rapproche de la cime de l’arbre.
- Raccourcir les branches charpentières de manière que la structure globale de l’arbre respecte le port naturel relatif à l’espèce. De façon générale les branches du bas de la couronne doivent être plus longues que celles du haut
Troisième étape : Élévation graduelle de la couronne
Même si c’est un peu contre-intuitif, à mesure que l’arbre grandit, ses branches restent toujours à la même hauteur ! Pour élever la couronne de feuillage, il faut éliminer de façon graduelle les branches qui sont sur le bas du tronc.
Quelques règles faciles à respecter
D’abord, il ne faut jamais dénuder plus du tiers de la hauteur totale de l’arbre.
Ensuite, il est utile de conserver sous la couronne principale quelques branches que l’on a raccourcies afin qu’elles ne gênent pas les branches maîtresses. On appelle ces branches des tire-sève et elles contribuent à la croissance du diamètre du tronc principale.
C’est une règle d’or dans le domaine horticole pour la production des arbres de gros calibre !
Finalement, la couronne ne devra jamais être élevée à plus de 2 mètres de façon générale pour tous les arbres. Cette décision relative à la hauteur de la couronne est en fait totalement entre vos mains.
Cela dépendra des contraintes du terrain ainsi que des objectifs de votre aménagement paysager. Pour créer une zone d’intimité, vous voudrez conserver une couronne plus basse alors que pour créer une zone d’ombrage et de fraîcheur vous opterez pour une couronne plus haute afin de dégager tout l’espace possible aux pieds de l’arbre.
La taille d’entretien : un minimum d’efforts pour des arbres à longévité maximale
La taille d’entretien est effectuée pour la durée de vie d’un arbre. Elle a pour but de préserver la santé et la vigueur de l’arbre. Il s’agit simplement d’éliminer les parties mortes, malades ou endommagées.
On doit aussi voir à éliminer les gourmands et les rejets (les pousses tendres qui surgissent à la base du tronc ou sous la couronne). Finalement, on verra à éliminer les branches qui poussent vers l’intérieur de l’arbre ou celles qui se nuisent l’une l’autre.
Plus la taille de formation aura été réalisée avec soins et rigueur, moins la taille d’entretien demandera de grands efforts au jardinier.
La taille des arbres feuillus au Québec : quelques conseils en vrac !
Quelques concepts généraux pour le succès de vos opérations de taille d’arbres feuillus :
Investissez dans un bon sécateur que vous entretenez bien, il n’y a rien de pire qu’un outil mal aiguisé qui provoque des blessures difficiles à guérir.
Soyez patients, ne taillez pas vos arbres feuillus la première année de leur plantation et floraison.
La période idéale au Québec pour la taille des feuillus c’est mi-juin à mi-juillet, en dehors de cette période, vous pouvez couper des petites branches de moins de 1 centimètre de diamètre ainsi que des branches mortes, malades ou cassées sans problème.
Respectez la règle du 20-30% de feuillage retiré maximum à chaque taille, mieux vaut y aller graduellement chaque année, vous avez 5 ans pour en arriver à un tableau parfait.
